L’IA menace déjà les jeunes diplômés

D’après le New York Times, les jeunes diplômés américains font face à une situation inquiétante. Alors qu’ils entrent sur le marché du travail, beaucoup se heurtent à une réalité froide : leurs compétences sont de moins en moins demandées, et les entreprises préfèrent désormais miser sur l’intelligence artificielle.

Un chômage en hausse chez les jeunes diplômés

Aux États-Unis, le taux de chômage des jeunes diplômés a grimpé à 5,8 % ces derniers mois. Un niveau considéré comme anormalement élevé, selon la Réserve fédérale de New York. Le problème semble particulièrement concentré dans les secteurs techniques, comme la finance ou l’informatique, où l’IA progresse à grande vitesse.

Pour le cabinet Oxford Economics, cela ne fait aucun doute : les postes d’entrée de gamme sont les premiers à être supprimés, au profit de solutions automatisées. Et les témoignages sur le terrain confirment cette tendance.

Les entreprises accélèrent l’automatisation

De nombreuses entreprises américaines adoptent désormais une approche « IA d’abord » : avant d’embaucher un humain, elles testent si une IA peut faire le travail. Si oui, le poste n’est tout simplement pas ouvert.

Un cadre de la tech a expliqué au New York Times que sa société ne recrutait plus de développeurs juniors, car des assistants IA étaient capables de coder à leur place. Un autre a confié qu’un seul data scientist, bien équipé en outils d’IA, remplaçait aujourd’hui une équipe de 75 personnes.

L’IA devient efficace sur les tâches complexes

Pendant longtemps, l’automatisation restait cantonnée aux tâches simples et répétitives. Ce n’est plus le cas. Grâce au machine learning et à des méthodes comme le renforcement d’apprentissage, les IA sont maintenant capables d’apprendre par elles-mêmes et d’exécuter des suites d’actions complexes.

Anthropic, l’entreprise à l’origine du chatbot Claude, affirme par exemple que son modèle le plus avancé, Claude Opus 4, peut coder pendant plusieurs heures sans pause. De quoi concurrencer des développeurs expérimentés… pour une fraction du coût.

Lire aussi : 4 façons simples d’utiliser l’IA pour trouver un job

Une généralisation à d’autres métiers ?

La tech est en première ligne, mais d’après les dirigeants interrogés, cette vague d’automatisation va bientôt toucher des secteurs entiers : marketing, finance, consulting, analyse de données, etc.

Dario Amodei, PDG d’Anthropic, estime que la moitié des emplois blancs-colliers juniors pourraient disparaître dans les cinq ans à venir.

Bien sûr, tout cela dépendra de la vitesse d’adoption de l’IA hors des grands groupes tech, et de la difficulté à automatiser certains métiers plus créatifs. Mais les signaux sont déjà là.

Deux dangers qui planent

Même si toutes les entreprises ne remplacent pas leurs jeunes recrues par des IA, deux tendances inquiètent les observateurs :

  1. L’adoption prématurée de l’IA. Certaines sociétés sautent le pas trop vite, avec des outils encore peu fiables. Klarna, par exemple, avait remplacé ses agents du service client par des chatbots… avant de faire marche arrière face aux plaintes des utilisateurs.
  2. L’abandon de la formation. Si les postes juniors deviennent temporaires ou rares, les entreprises investiront de moins en moins dans la formation ou l’accompagnement. Résultat : des jeunes mal préparés pour évoluer ensuite vers des postes à responsabilité.

Heather Doshay, directrice du recrutement chez SignalFire, résume bien la situation : « Aujourd’hui, plus personne n’a le temps de prendre les jeunes par la main. Beaucoup de tâches peuvent être gérées directement par une IA. »

Une jeunesse qui change de cap

Face à ce contexte tendu, certains jeunes diplômés prennent les devants. Plutôt que de viser les grands groupes ou les métiers traditionnels, ils se lancent dans l’entrepreneuriat ou choisissent des parcours plus risqués.

Trevor Chow, diplômé de Stanford, témoigne dans le New York Times : « Beaucoup de mes amis ne vont pas dans la finance ou les grands groupes tech. Ils veulent monter des projets. L’IA avance trop vite, alors autant tenter quelque chose de grand, tant qu’on peut encore faire la différence. »

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